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istoire
L’élaboration
du vin jaune est associée à la culture du Savagnin
et aux abbesses de Château-Chalon
dont l’abbaye fut fondée au VIIème siècle.
Elles en avaient fait leur spécialité : on raconte
que les plaisirs de la chair leur étant interdits, elles
reportèrent alors leur amour sur le vin. Le vin de Jerez et
le Tokay hongrois, qui sont tous deux issus de vinification sous
voile, aient une certaine parenté de goût avec le vin
jaune, a accrédité les hypothèses imaginant
les abbesses, originaires de lointaines contrées, important
les boutures dans leurs bagages et leurs recettes dans leurs
livres d’heures. On peut préférer ces
explications romanesques à l’inévitable
légende matérialiste qui attribue la découverte
du vin jaune au hasard et à un vigneron qui, ayant
abandonné un vieux fût au fond de sa cave, aurait
bien des années plus tard découvert la merveilleuse
métamorphose de son vin. D’après l’historien
Jurassien P.Grispoux, la dénomination
"vin
jaune" n’est apparue qu’au début du XIXème
siècle. Gerrier le mentionne dans son "Mémoire
sur l’état de l’agriculture du Jura" en
1822. Avant cette date, les écrits y font référence
sous des noms divers : vin de garde, vin de gelées…
Néanmoins certains textes laisseraient supposer que le
Savagnin était déjà cultivé au XIIIème
siècle.
Ainsi, nous savons que le comte Etienne de
Bourgogne affectionnait particulièrement son clos de
Blandans dans lequel était planté un cépage
prestigieux, très probablement du Savagnin, puisqu’on
ne le vendangeait qu’aux premières gelées. En
1374, Marguerite, Comtesse des Flandres et de Bourgogne,
produisait un vin de Blandans fort renommé et réservé
aux fêtes princières. D’autres personnages
célèbres glorifièrent le vin jaune. Citons le
poète F. Gauthier qui lui consacrera treize strophes, le
Père Méglinger, le Prince de Métternich («
et pourtant vous avez mieux en France… Quoi donc, lui
répliqua Napoléon III? Le Château-Chalon Sire
»), le dernier tsar Nicolas II de Russie, l’homme
politique français Edgar Faure…
En
1947, Louis Pasteur Vallery-Radot, petit fils du célèbre
savant, dégusta en compagnie de l’écrivain
François Mauriac un vin jaune de 1774. Le général
de Gaulle découvrit ce nectar en 1963 Louis Florin
lui bailla quelques bouteilles de vin jaune de
Château-Chalon. Dans les années 70 débutèrent
les premières études sur le vin jaune et
l’analyse de ses composants. Malgré un certain
nombre de travaux menés jusqu’alors, le vin
jaune n’a pas livré tous ses secrets et
suscitera encore de nombreuses recherches. Comme dans toute
région vinicole.
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