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Episodes de la vie arboisienne
Lors de ses séjours en Arbois, Pasteur se rappelle de ses
années de collégien. Il est souvent sollicité pour présider la remise de prix
au collège et crée même le « prix Pasteur ». Il intervient aussi auprès du
Ministère de l'Instruction Publique pour éviter la fermeture de
l'établissement. Ses dons d'argent permettent l'achat de nouveaux manuels
scolaires, et le collège bénéficie d'un matériel de laboratoire neuf.
Il revoit ses amis les vignerons, à qui il donne des
conseils. Un vieil arboisien, ancien professeur, Ernest Girard, relate : «
Ces braves gens n'ont pas été sans
entendre dire que Monsieur Pasteur s'occupait des maladies des vins, et ne
sont pas loin de le prendre pour une sorte de médecin des vins. A peine s
aperçoivent-ils qu'un vint s'aigrit dans un fût, qu'ils s'en viennent, une
bouteille à la main, frapper à la porte du savant. Cette porte nie leur est
jamais fermée. Le paysans est peu précis dans son langage, il nie sait ni
aborder, ni exposer le sujet. Monsieur Pasteur, toujours calme et toujours
grave, écoute jusqu 'au bout. Il prend le vins et l'étudie à loisir. Huit
jours après le vina est guéri ». Même à Arbois, le savant travaille, après le déjeuner il
joue volontiers au croquet, ou monte dans sa chambre méditer. « Ici, écrit-il
à sa fille Marie Louise, j'ai un grand
calme crue je goûte surtout quand il pleut, vu que je puis rester dans la
petite chambrette à rêver, à penser à mes projets d études, à toi aussi, à
ton avenir, ma chère enfant ». Presque chaque dimanche Fidèle aux traditions,
Pasteur participe souvent à la cérémonie du Biou - procession par laquelle
les vignerons portent les prémices de la récolte à l'église. En septembre
1888, en raison de clivages politiques, la municipalité décide de ne pas
s'associer à cette fête. Pasteur prend donc la tête du cortège. Comme de
coutume ce jour-là les pompiers organisent un exercice de lutte contre
l'incendie. Après l'office religieux, le savant regagne sa demeure mais la
pluie légère d'un jet de pompe l'éclabousse malencontreusement. Aussitôt
l'indignation éclate dans Arbois. Le soir, le lieutenant et son pompier,
honteux et navrés vont s'excuser auprès de Pasteur qui les accueille cordialement
et se fait même inscrire comme membre honoraire de la société des
Sapeurs-Pompiers. En Arbois, Pasteur
retrouve aussi son ami le peintre arboisien Auguste Pointelin. Le savant le
reçoit volontiers à Paris et il l'a fait nommer professeur de mathématiques
au Lycée Louis-le-Grand. « Le savant amateur de peinture et le peintre
demeuré scientifique » sont liés d'une admiration mutuelle. Les deux hommes
ont la même conviction spiritualiste, la même personnalité forte et entière,
et le même caractère froid, secret, intransigeant mais bon et indulgent. Vers 1889, un différend éclate
entre le conseil municipal peu scrupuleux, qui souhaite ôter le nom de
Pasteur à une avenue, et le savant mal informé. La maison familiale garde
alors les volets clos, et en septembre il est absent du traditionnel repas de
l'association des anciens élèves du collège créée en 1880 qu'il avait coutume
de présider. Aussi Pointelin prononce‑t‑il un discours adressé
aux vignerons arboisiens afin que cesse cet incident... « pendant qu'il
est
temps encore, de ne pas laisser un tel héritage à leurs enfants ». Le
soir même, le maire exprime ses regrets à Pasteur. Ce dernier peut revenir
dans le jura et retrouver le plaisir de la vie en Arbois. |